Lettre ouverte en réaction au Rapport sur l’apprentissage des deux langues officielles dans le cadre de la révision 2021 de la Loi sur les langues officielles du Nouveau-Brunswick

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Ottawa, le 9 février 2022

Premier Blaine Higgs
Chancery Place
P.O. Box 6000
Fredericton, NB
E3B 5H1

Objet : Lettre ouverte en réaction au Rapport sur l’apprentissage des deux langues officielles dans le cadre de la révision 2021 de la Loi sur les langues officielles du Nouveau-Brunswick

Cher Premier ministre du Nouveau-Brunswick,

L’Association canadienne des professionnels de l’immersion (ACPI) a pris connaissance des recommandations du Rapport sur l’apprentissage des deux langues officielles dans le cadre de la révision 2021 de la Loi sur les langues officielles du Nouveau-Brunswick. Nous saluons les recommandations qui soutiennent l’inclusion et l’accessibilité des programmes visant à maîtriser le français comme langue seconde. Cependant, nous sommes très inquiets concernant la recommandation d’abolir les programmes d’immersion française. Considérer cette option est, à notre avis, contre-productif et les conséquences de cette décision ne peuvent que niveler vers le bas le bilinguisme dans la province.

Les programmes d’immersion française au Canada existent depuis près de 60 ans. Depuis, des dizaines de recherches ont démontré que les programmes d’immersion française demeurent le meilleur moyen de devenir bilingue. La pédagogie a évolué et est appuyée par une multitude de chercheurs aux quatre coins du pays. L’idée d’abolir l’immersion française va à contre-courant de tout ce que nous disent les experts.

Dans son projet de loi sur la modernisation de la loi sur les langues officielles, le gouvernement fédéral a notamment identifié l’immersion française comme étant l’outil par excellence pour augmenter le taux de bilinguisme au pays. Avec l’adoption de cette loi, le gouvernement fédéral pourra se donner encore plus de moyens nécessaires pour mettre en œuvre des solutions concrètes permettant de réduire les défis associés à l’accessibilité des programmes d’immersion. La pénurie d’enseignants en immersion française en est un exemple. D’ailleurs, nous tenons à souligner que l’ACPI a été mandaté par Patrimoine canadien pour mener une étude sur la pénurie du personnel enseignant en immersion française. Publié à l’automne 2021, le rapport de l’étude nous a non seulement permis de confirmer la pénurie, mais sert aussi de levier important pour justifier d’obtenir les moyens nécessaires afin de réduire l’impact du manque de main-d’œuvre. Il est vrai que les résultats de la mise en œuvre des solutions demandent du temps, mais il ne faut pas négliger la rétention du personnel déjà en poste en valorisant leur travail et en les traitant avec respect et considération. Chez le personnel enseignant en immersion française, certaines études rapportent que le manque de reconnaissance de leur rôle, le faible sentiment d’appartenance à une communauté, le manque de respect, le traitement inéquitable par rapport aux autres professionnels, l’isolement à même leur lieu de travail et la perception qu’ils ne sont pas qualifiés nuiraient à leur rétention.

De plus, dans les dernières années, les programmes d’immersion française au Nouveau-Brunswick ont subi énormément de perturbations et ont été remis en question à plusieurs reprises par les différents gouvernements au pouvoir. Pour les professionnels de l’immersion, ces perturbations sont vécues comme un acharnement incompréhensif et cela impacte fortement leur rétention de même que la réputation des programmes d’immersion au sein de vos communautés. En consultant votre Rapport sur l’apprentissage des deux langues officielles, nous sommes convaincus que le problème ne réside pas dans l’offre du programme d’immersion française, mais bien dans sa compréhension, dans sa gestion et dans l’acharnement qu’il a subi. Une réforme plus inclusive et structurée des programmes d’immersion afin d’en assurer la qualité et l’accessibilité nous paraît comme une option plus fiable et productive.

L’immersion française a fait ses preuves partout au pays et même au-delà de nos frontières. Pour en assurer la réussite, il faut assurément offrir un soutien adéquat aux élèves, aux enseignants et aux parents. Sans l’appui nécessaire, les défis perdureront, et ce, peu importe les solutions que vous envisagez. En troquant les programmes d’immersion française contre un programme moins efficace, vous empêcherez des élèves motivés de s’épanouir à leur plein potentiel dans leur apprentissage du français.

Plus de 60% des écoles publiques au Nouveau-Brunswick offrent actuellement un programme d’immersion française. Il s’agit d’un nombre important de personnes qui vivront les impacts de votre décision. Dans le cadre de vos réflexions, nous vous invitons à prendre une décision éclairée et durable. Prenez le temps de consulter les nombreuses recherches en lien avec l’immersion française et écoutez les professionnels qui œuvrent ardemment à contribuer à la hausse du bilinguisme. N’oubliez pas que l’union fait la force. L’ACPI et sa communauté d’experts et de pédagogues en immersion française se met à votre disposition pour participer à vos réflexions et à faire partie de la solution.

Si l’immersion française demeure vivante dans votre province, l’ACPI tiendra son congrès national annuel au Nouveau-Brunswick en 2023. Nous espérons sincèrement pouvoir vous compter parmi nous et que la pérennité des programmes d’immersion française dans votre province ne soit plus remise en question.

Au nom de tous les membres de conseil d’administration de l’ACPI, veuillez agréer, Monsieur, l’expression de nos sentiments les meilleurs.

Chantal Bourbonnais
Directrice générale de l’ACPI


Ottawa, February 9, 2022

The Honourable Blaine Higgs
Premier of New Brunswick
Chancery Place
P.O. Box 6000
Fredericton, NB
E3B 5H1

RE: Open letter in response to the 2021 Review of the Official Languages Act of New Brunswick – Report on second-language learning

Dear Premier:

ACPI (Association canadienne des professionnels de l’immersion / Canadian Association of Immersion Professionals) has had the opportunity to review the recommendations of the Review of the Official Languages Act of New Brunswick – Report on second-language learning. While we welcome the recommendations that support the inclusion and accessibility of French as a second language programs, we are very concerned about the recommendation to do away with French immersion programs. It is our view that considering this option is counterproductive, and the impact of such a decision will only serve to further erode bilingualism in the province.

French immersion programs have existed in Canada for almost 60 years. In that time, dozens of studies have shown that French immersion programs are still the best way to become bilingual. The teaching approach has evolved and is supported by a host of researchers across the country. The idea of doing away with French immersion goes against everything the experts tell us.

In its bill to modernize the Official Languages Act, the federal government identified French immersion as an excellent tool for increasing the rate of bilingualism in Canada. With the passage of this legislation, the federal government will have the means to implement more concrete solutions to reduce the challenges in accessing immersion programs. The shortage of French immersion teachers is one example. We should also point out that ACPI was commissioned by Canadian Heritage to conduct a study on the shortage of French immersion educators. Released in the fall of 2021, the study’s report confirmed the shortage and also serves as an important lever to justify securing the necessary resources to reduce the impact of the labour shortage. While we know that it takes time to see the results of the solutions implemented, it is important to retain existing staff by validating their work and treating them with respect and consideration. Some studies report that the retention of French immersion teachers is negatively impacted by a lack of recognition of their role, poor sense of community, lack of respect, inequitable treatment compared to other professionals, isolation in the workplace and the perception that they are not qualified.

In recent years, French immersion programs in New Brunswick have also suffered considerable upheavals and have been repeatedly challenged by the various governments in power. For immersion professionals, these upheavals are experienced as unreasonable persecution and have a strong impact on their retention and on the reputation of immersion programs within your communities. In reviewing your Report on second-language learning, we firmly believe that the problem lies not in the delivery of French immersion program but in how they are understood, managed and targeted. A more inclusive and structured reform of immersion programs to ensure quality and accessibility seems to us a more reliable and productive option.

French immersion has proven itself across the country and beyond. To ensure its success, there must be adequate support for students, teachers and parents. Without that support, the challenges will continue regardless of the solutions you consider. By replacing French immersion programs with a less effective program, you will prevent motivated students from reaching their full potential in learning French.

More than 60% of public schools in New Brunswick currently offer a French immersion program. That is a significant number of people who will be affected by your decision. As you consider your options, we encourage you to make an informed and sustainable decision. Take the time to review the extensive research on French immersion and listen to the professionals who are working hard to help boost bilingualism. Remember that there is strength in numbers. ACPI and its community of French immersion experts and educators are available to provide their insight and be part of the solution.

If Immersion programs are alive and well, ACPI will be holding its annual national conference in New Brunswick in 2023. On behalf of all the members of the ACPI Board of Directors, I sincerely hope that you will join us and that the future of French immersion programs in your province is no longer in doubt.

Yours truly,

Chantal Bourbonnais
Executive Director