COMMUNIQUÉ | L’ACPI déplore l’abolition du programme d’immersion française au Nouveau-Brunswick
COMMUNIQUÉ DE PRESSE
POUR DIFFUSION IMMÉDIATE
Ottawa, le 20 décembre 2022 – L’Association canadienne des professionnels de l’immersion (ACPI) est extrêmement préoccupée de l’avenir du bilinguisme au Nouveau-Brunswick, la seule province canadienne officiellement bilingue. Au-delà de rallier les éducateurs en immersion française, la mission de l’ACPI est aussi de participer à la promotion et à l’épanouissement d’un Canada bilingue. C’est ainsi avec beaucoup d’inquiétude que nous apprenons le plan du gouvernement du Nouveau-Brunswick concernant l’enseignement du français dans le secteur anglophone.
Bien que nous sommes ravis d’apprendre que tous les élèves du Nouveau-Brunswick auront la chance de débuter l’apprentissage du français dès la maternelle, nous pensons que l’intensité de l’immersion proposée (50 % pour les élèves jusqu’en 5e année et 40% ensuite) ne sera pas suffisante pour que les apprenants puissent atteindre un niveau de compétences langagières adéquat. Comment peut-on espérer une amélioration de la qualité du français en réduisant le nombre d’heures enseignées dans cette langue? En visant le minimum, les résultats atteints seront aussi au minimum.
Selon Les six piliers de la réussite des programmes de langue seconde du Dr Joseph Dicks (2018), il est essentiel de regrouper tous les éléments suivants afin d’atteindre un niveau d’efficacité élevé :
- Fréquence : communication se tient régulièrement (quotidiennement si possible).
- Intensité : communication dure toute la journée, si possible.
- Étendue : les classes s’étendent sur plusieurs semaines, mois et années. Plus on commence tôt, plus l’exposition peut être étendue.
- Communication significative : les apprenants s’affairent à regarder, écouter, lire, parler et écrire relativement aux choses intéressantes.
- Motivation : chez les apprenants motivés, l’apprentissage de la langue seconde est considéré important et utile, et le bilinguisme/ multilinguisme est considéré comme une réalisation personnelle positive.
- Efficacité de l’enseignement : les enseignants qui connaissent du succès dans ce domaine s’expriment très bien dans la langue seconde, sont conscients de la culture des gens qui la parlent, et possèdent d’excellentes compétences d’enseignement en général, ainsi que des connaissances et compétences spécifiques pour l’enseignement dans leur milieu particulier de langue seconde.
Un programme d’immersion française bien conçu répond à tous ces critères et connaît un niveau de réussite très élevé autant au Nouveau-Brunswick que dans les autres provinces et territoires au pays. En abolissant le programme d’immersion française, le gouvernement accepte ainsi de niveler vers le bas et de diluer la qualité des apprentissages linguistiques pour l’ensemble de ses apprenants. Depuis des décennies déjà, le programme d’immersion française est reconnu partout au pays et même à l’international comme le meilleur moyen d’apprendre une langue seconde en plus d’être appuyé par d’innombrables chercheurs aux quatre coins du monde. Pourquoi vouloir abolir un programme qui fonctionne et qui a fait ses preuves? Ne serait-il pas plus efficace de revoir l’administration du programme dans la province afin de le rendre plus accessible et inclusif? Le programme proposé par le gouvernement du Nouveau-Brunswick n’est appuyé par aucune recherche et pourrait entrainer des conséquences désastreuses sur le bilinguisme dans la province. De plus, l’ACPI est convaincu que le bilinguisme ne peut être atteint si le critère de réussite concerne uniquement le fait d’être en mesure de soutenir une conversation. Il est primordial de réfléchir à des stratégies pour soutenir l’apprentissage de la lecture et de l’écriture dans la langue seconde.
De surcroît, le gouvernement soutient qu’il sera en mesure d’embaucher d’ici 2 ans les 60 enseignants manquant afin d’offrir le nouveau programme de français langue seconde aux élèves de maternelle et de 1re année dès la rentrée 2023. Pourtant, dans son fameux Rapport sur l’apprentissage des deux langues officielles du Nouveau-Brunswick (2021), « il y a une pénurie critique d’enseignants francophones qualifiés pour doter adéquatement les programmes actuels de langue seconde. Tous les districts scolaires anglophones de la province ont fait état de difficultés importantes pour recruter et retenir des enseignants très compétents en français » (page 39). Cette contradiction importante nous pousse à réfléchir sur le sérieux de la démarche du ministère de l’Éducation et du Développement de la petite enfance dans l’élaboration de son plan.
« Nous croyons qu’un gouvernement sérieux dans ses démarches devrait prendre le temps de bien évaluer l’impact d’un tel changement avant de se précipiter pour en faire la mise en place dès la prochaine rentrée scolaire », a déclaré Marie-Lyne Bédard, présidente de l’ACPI.
Encore dans le Rapport sur l’apprentissage des deux langues officielles du Nouveau-Brunswick (2021), « des décennies de plans et de stratégies en perpétuel changement ont créé une importante instabilité dans le système d’éducation » (page 22). L’incertitude créer par ce qui est proposé, par la précarité des programmes d’immersion et le traitement réservé aux enseignants de français langue seconde depuis des années pourrait encourager les enseignants à quitter la province. À cela, la réponse du gouvernement propose une énième instabilité qui ne peut garantir un taux de réussite adéquat puisqu’aucune recherche n’a encore été faite, contrairement à l’immersion française. Il est essentiel pour la santé du système d’éducation de la province et de toutes les personnes impliquées que le Nouveau-Brunswick propose un système stable et prévisible qui comprend un programme d’immersion française. Les changements apportés aux programmes devraient être effectués sur la base de preuve scientifique et analyser toutes les implications potentielles d’un tel changement. L’ACPI croit qu’il est ainsi inutile de précipiter le lancement de ce nouveau programme pour se donner le temps d’étudier la nouvelle structure, de créer les ressources nécessaires et de former adéquatement le personnel.
Finalement, en tant que pierre angulaire de l’immersion française au pays, l’ACPI peine à comprendre pourquoi elle n’a jamais été consultée officiellement dans le cadre de ces nombreuses réflexions malgré nos nombreuses invitations et lettres ouvertes. L’ACPI réitère ainsi que notre communauté d’experts et de pédagogues demeure disponible et ouverte à participer aux prochaines réflexions. Tout comme le gouvernement du Nouveau-Brunswick, l’ACPI partage l’objectif de permettre à un plus grand nombre de personnes de s’exprimer dans les deux langues officielles tout en favorisant un milieu d’apprentissage du français durable et inclusif, mais pas au détriment du bilinguisme. Et en tant que seule province bilingue au Canada, l’ACPI croit fermement en l’importance d’offrir notre soutien à titre d’association nationale.
L’ACPI invite la population du Nouveau-Brunswick et d’ailleurs au pays à remplir le sondage en gardant en tête que le meilleur moyen de devenir bilingue dans le système scolaire demeure l’immersion française. Laissons entendre notre voix et soutenons le programme d’immersion française.
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À PROPOS
L’Association canadienne des professionnels de l’immersion (ACPI) est une organisation professionnelle dont la mission est de participer à la promotion et à l’épanouissement d’un Canada bilingue en ralliant les éducateurs en immersion ainsi que des partenaires de toutes les régions du pays. Pierre angulaire de l’immersion française au Canada, l’ACPI oriente et enrichit la pédagogie immersive au Canada. À travers son offre de formation, de recherche et de réseautage, elle fournit aux éducateurs un soutien rigoureux, ainsi que de nombreuses possibilités d’apprentissage professionnel tout en inspirant un dialogue pédagogique en français.
RENSEIGNEMENTS :
Chantal Bourbonnais| Directrice général | ACPI
C : 819 209-9622| Courriel : cbourbonnais@acpi.ca
PRESS RELEASE
FOR IMMEDIATE RELEASE
ACPI CONCERNED ABOUT THE ELIMINATION OF THE FRENCH IMMERSION PROGRAM IN NEW BRUNSWICK
Ottawa, December 20, 2022 – The Canadian Association of Immersion Professionals (ACPI) is extremely concerned about the future of bilingualism in New Brunswick, Canada’s only officially bilingual province. In addition to bringing together French immersion educators from all over the country, ACPI’s mission includes actively promoting and developing a bilingual Canada. We are therefore very concerned to learn of the New Brunswick government’s plan for French-language education in the Anglophone sector.
While we are delighted that all New Brunswick students will have the opportunity to begin learning French in kindergarten, we believe that the intensity of the proposed immersion (50 percent for students through to Grade 5 and 40 percent thereafter) will not be sufficient for learners to achieve an adequate level of language proficiency. How can we expect to improve the quality of French by reducing the number of hours taught in this language? By aiming for the minimum, the outcomes will also be at a minimum.
According to Dr. Joseph Dicks’ (2018) Six Pillars of Successful Second Language Programs, all of the following elements are essential to maximize effectiveness:
- Frequency: Contact occurs regularly (daily if possible).
- Intensity: Contact lasts all day long, if possible.
- Extensiveness: Classes extend over many weeks, months and years. The sooner one begins, the more extensive the exposure can be.
- Meaningful communication: Learners have something interesting and important to watch, to listen to, read about, speak about and write about.
- Motivation: Motivated learners perceive the language being learned as important and useful and view bilingualism/multilingualism as a positive personal achievement.
- Teaching effectiveness: Successful teachers are highly proficient in the language, knowledgeable about and appreciative of the culture, possess excellent teaching skills generally, as well as the specific knowledge and skills for teaching in their particular second language setting.
A well-designed French immersion program meets all of these criteria and has a very high level of success in New Brunswick as well as in other provinces and territories across the country. By doing away with the French immersion program, the government is effectively levelling down and diluting the quality of language learning for all its learners. For decades now, the French immersion program has been recognized across the country and internationally as the best way to learn a second language and is supported by countless researchers around the world. Why eliminate a program that works and has a proven track record? Would it not be more effective to review program administration in the province to make it more accessible and inclusive? The program proposed by the New Brunswick government is not supported by any research and could have dire consequences for bilingualism in the province. ACPI also believes that bilingualism cannot be achieved if the only measure of success is being able to carry on a conversation in French. It is critical to consider strategies to support learning to read and write in a second language.
The government claims that it will be able to hire the 60 additional teachers needed within two years to offer the new French as a second language program to kindergarten and Grade 1 students by the beginning of the 2023 school year. However, according to its celebrated New Brunswick – Report on second-language learning (2021),“[t]here is a critical shortage of qualified French-speaking teachers to adequately staff current second language programs. Every Anglophone school district in the province reported significant difficulties in recruiting and retaining strong French-speaking teachers…” (page 36). This significant contradiction makes us wonder about the seriousness of the Department of Education and Early Childhood Development’s approach to developing its plan.
“We believe that a serious government should take the time to fully assess the impact of such a change before rushing to implement it at the beginning of the next school year,” said Marie-Lyne Bédard, ACPI President.
The New Brunswick – Report on second-language learning (2021) also states that “decades of constantly changing plans and strategies have created significant instability in the system” (page 20). The uncertainty created by what is being proposed, by the precariousness of immersion programs and the treatment of FSL teachers over the years could prompt teachers to leave the province. The government’s response to this is to propose yet another instability that cannot guarantee an adequate success rate given that no research has yet been done, unlike French immersion. It is essential to the health of the province’s education system and all those involved that New Brunswick propose a stable and predictable system that includes a French immersion program. Program changes should be made on the basis of scientific evidence and analyze all potential implications of such a change. ACPI believes that there is no need to rush the launch of this new program to allow time to study the new structure, create the necessary resources and properly train staff.
Lastly, as the cornerstone of French immersion in this country, ACPI finds it difficult to understand why it has never been formally consulted on this issue despite our many invitations and open letters. ACPI reiterates that our community of experts and educators are available to provide their insight. ACPI shares the Government of New Brunswick’s goal of enabling more people to converse in both official languages while fostering a sustainable and inclusive French learning environment, but not at the expense of bilingualism. As Canada’s only bilingual province, ACPI strongly believes in offering the New Brunswick Department of Education our support as a national association.
ACPI encourages New Brunswickers and others across the country to complete the survey, keeping in mind that the best way to become bilingual in the school system is through French immersion. Let’s make our voices heard and support the French immersion program.
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ABOUT ACPI
The Association canadienne des professionnels de l’immersion (ACPI) or Canadian association of Immersion professionals is a professional organization committed to helping promote and develop a bilingual Canada by bringing together Immersion educators and partners from all over the country. As the cornerstone of French immersion in Canada, ACPI informs and enhances immersion pedagogy in Canada. By offering professional development, training, research and networking, it provides educators with robust support and numerous professional learning opportunities as well as pedagogical dialogue in French.
FOR INFORMATION:
Chantal Bourbonnais |Executive Director | ACPI
C: 819-209-9622| Email: cbourbonnais@acpi.ca